Le Selkirien, Mais c'est quoi au juste ?

Première partie :

Les années passent et j’en suis encore là à me demander pourquoi j’erre comme un spectre en quête d’âmes à dévorer. Parfois, je me demande si je suis maître de moi-même, si je ne suis pas habité et alimenté par ma haine.

Il devait être midi, je sortais à peine de mon sommeil. Je frottais vigoureusement les yeux, les draps chauds reposaient encore sur mes jambes, reposant mon dos contre la tête du lit, je m’étirais tel le robuste félin sortant de son profond sommeil. Je poussai un petit bâillement et regardais le temps qu’il faisait à travers la fenêtre entrouverte de ma chambre. Le sol était recouvert de neige, blanche et scintillante, de son éclat me il me faisait plisser les yeux. Je repoussais doucement ma couette, je me levais paresseusement et me dirigeai vers mon matériel que j’avais posé à quelques mètres de moi avant de dormir. Ce matériel, parlons-en :

Un heaume orné d’une visière dorée façonnée avec une telle finesse et brillant d’un tel éclat me rendant éclatant sur le champ de bataille, une cuirasse en argent qui de milles feux resplendissait lorsque les plaines sous le soleil, je parcourais, sur cette dernière était soigneusement attachée une petite besace me permettant de transporter de quoi soigner mes plaies et une petite gourde remplie d’eau afin que je puisse me déshydrater.
J’avais des gants en mailles fines me protégeant des petites écorchures, mes jambes, elles aussi en étaient recouvertes.
À mes pieds, je portais des bottes en mithril éblouissant ainsi tous ces indignes qui n’osaient point me regarder dans les yeux.
Je portais néanmoins et constamment une lourde hache sur mon épaule droite.

Après l’avoir doucement admiré et caressé du bout de mes doigts, j’ai revêtu toute ma panoplie. Je quittai ma chambre me dirigeant vers Toreena auquel je tendis la modique somme que je lui devais et sortis de cette auberge dans laquelle l’ambiance chaleureuse de Noël avait disparu.
Les guerres, les souffrances et les douleurs avaient repris de force le royaume.

Dans cette guerre il y a si peu à gagner et tant à perdre, je ne comprendrais décidément jamais les humains. Ils se font la guerre pour avoir le fessier sur un siège en or et diriger tous leurs moutons, la fortune et la richesse les rend fous, ils ne pensent qu’à eux, si ma fortune permet un jour d’arrêter cette folie et bien qu’ils la prennent, mais ils la prendront uniquement le jour ou la tête de Galoregor roulera jusqu’à mes pieds trempés par le sang qui jaillit de son cou décapité.

Au moment même ou ces paroles se mirent à se bousculer dans ma tête, je sentis une présence m’envahir. Quelque chose de froid, j’en avais la chair de poule. J’avais l’impression que mon âme entière était consumée par ce mal qui m’habitait Peu à peu, je perdis le contrôle de moi et m’écroulai sur le sol. Je commençais à perdre conscience et, les yeux fixés sur les nuages qui au file des secondes devenaient flous, j’eu le temps d’apercevoir comme un autre moi sortir de mon corps, me regardant de ses yeux rouges malfaisants me riant au nez. J’eu l’impression que ce dernier prit le contrôle de mon corps, c’est quelque chose que je trouvais pour le moins incompréhensible. Ce n’est qu’à ce moment-là que je perdis connaissance.

[…]

Quand j’ouvris à nouveau les yeux, j’étais en sueur, mes mains moites tremblaient, sur mon visage des gouttes de sang frais coulaient, je ne comprenais rien. J’étais là, étendu sur le sol au milieu de cadavres fraîchement découpés à coups de hache.

Lorsque je me levai, je scrutais les environs, ils m’étaient familiers. Un château, un port, des commerçants... Mais oui, j’étais bel et bien à Nedmor, dans un coin reculé... hors de la ville. J’examinais de façon très précoce les victimes, je n’en connaissais aucune, mais, étais-je à l’origine de ces morts cruelles ? Aux vues de ma hache plantée sur le crâne d’un jeune Royaliste voulant défendre sa patrie et au sang qui tachait mes vêtements, tout portait à croire que j’en étais bel et bien l’auteur. Mais pourquoi avais-je fait cela ? Et surtout, comment l’ai-je fait sans même m’en rendre compte ?
Et ce second moi, qui était-il ?
Tant de questions et si peu de réponses le seul moyen que j’avais de savoir qui j’étais réellement en ce moment était de revenir en arrière afin de mieux le comprendre.
Ne voyageant pas dans le temps, je n’avais d’autres alternatives que de consulter mes origines dont j’ignorais presque tout.

[...]