J’étais là, assis sur un rocher, la foule s’agitait au tour de moi. Perdu dans mes pensés je n’entendais même plus leur brouhaha. Je regardais au tour de moi, je voyais des enfants jouer avec des bouts de bois, des guerriers blessés qui se reposaient à quelques pas à côté de moi, près d’un arbre, des femmes se tuant à la tâche pour rendre leurs petits foyers accueillants et chaleureux malgré les ravages de la guerre.
Je ne pouvais plus supporter tout ceci, cette misère, cette infamie... je voulais changer les choses pour ces gens, je voulais leur éviter d’avoir à subir les mêmes atrocités que mon peuple.
La nuit tombait de bonne heure, le temps se glaçait, des flocons tombaient, peu à peu le sol se recouvrait d’un voile de neige, la populace de Fuisserage accourait pour aller voir un vieillard engrossé vêtu d’un manteau rouge et sa longue barbe blanche qui pendait jusqu’au bas de son ventre afin d’obtenir quelques cadeaux de ce mystérieux personnage.
Je ne le connaissais pas, lui non plus je suppose, mais le fait que cet homme apporte un peu de chaleur sur nos terres m’emplissait de joie.
Caressant la lame de ma hache du bout de mes doigts gelés je ne pouvais m’enlever ces idées d’assouvissement qui se bousculaient dans ma tête.
Je ne quittais cependant pas cet homme de rouge vêtu des yeux. On disait qu’il n’apparaissait qu’une fois par an et toujours le même jour au même moment. Etait-ce là un événement particulier ? Quelque chose que les humains ne fêteraient qu’une fois par an ? Je n’en savais rien et étant trop timide pour m’adresser à qui que ce soit et prendre le risque que l’on me rie au nez pour en poser la question je décidais de ne pas en savoir plus.
Au fur et à mesure que le temps ne passait, que la cité se désertait, que les flocons de neige sur moi tombaient et mes doigts congelaient, toutes mes pensés malsaines s’envolaient. Je sentais le froid me glacer l’échine, il fallait que je bouge pour me réchauffer mais étrangement je n’avais pas envi de massacrer des gens ou même des monstres, non, je me sentais d’humeur douce, sans plus attendre et tiré par ma curiosité je me dirigea donc vers le barbue afin d’en savoir un peu plus, il était là, assis sur un traîneau Il n’y avait plus masses de monde au tour de lui, j’étais à présent seul, face à ce pygmée aux airs chaleureux. J’engageais la discussion avec lui, lui posant tout un amas de question, je devais sûrement le fatiguer mais les sourires et les rires qu’il me décrochait me laissait penser le contraire. Il m’expliqua qui il était, pourquoi il était là et ce qu’il faisait. Sur le moment je me suis sentis assez bête. J’ignorais depuis toujours que les hommes fêtaient ce fabuleux jour qu’est Noël, ce jour que j’ai toute ma vie ignoré, ce jour que je passerais seul, n’ayant ni famille, ni amis. Le Père Noël me tendit une petite bourse, la joie qui émanait de lui m’emplissait de bonheur, la somme n’était pas énorme mais c’était tout de même mon premier cadeau de Noël, que dis-je ? Mon premier cadeau tout simplement. Quelques secondes après, le sourire qu’il m’avait décroché s’effaça de mon visage, je me sentais ridicule de ne rien avoir à offrir, je concluais notre dialogue par un simple merci et m’en alla en jurant dans ma tête que l’année prochaine, le père Noël sera bien accueillis, je m’en assurerais.
Je marchais donc vers la banque désertée de toute présence humaine mise à part celle de mon banquier à qui je remis le cadeau que je venais de recevoir. Je le saluais et retournai dans ma chambre, je consultais mes missives, j’en avais trois, l’une m’annonçant que ma femme souhaitait à tout jamais briser le liens du sang qui nous unissait et les deux autres me provenaient d’une contré lointaine, m’annonçant qu’une guerre allait faire rage dans peu de temps sur Alidhan.
Le jour de Noël était-il fait aussi pour nous annoncer les pires calomnies ?
Ou peut être que le jour de Noël devait être pour moi un châtiment qui devrait me laver de toutes mes peines de sang en les purgeant par des peines et des déchirures de cœur ?
Je m’allongeais les bras derrière la tête pensant à ce qui pourrait encore me tomber dessus. Envahit par la fatigue je m’endormis, le cœur à la fois déchiré de toutes parts et à la fois plein de vœux de bonheur pour tout ceux qui tombent et qui tomberont au combat en défendant leurs idéaux.
Dans ma tête je préférais convertir mes peines en rage, rage de vaincre, mon cœur, lui, semblait ne pas l’entendre de la même façon.
[HRP] Noyeux Noyel à tous =) [/HRP]
Lun 24 Déc - 19:46